En passant la porte bleue du hangar numéro 19 de l’immense usine Mozinor, dans l’est de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, une odeur âcre attaque le fond de la gorge, un mélange de poussière et de bois. Le bruit d’une visseuse résonne par à-coups et, sur des étagères de plusieurs mètres de haut, s’amoncellent planches, faux rochers, meules de comté en plastique, ou encore des bibelots en tous genres. Nichée dans un coin du géant de béton, la Ressourcerie du cinéma occupe ces locaux depuis trois ans.
Créée en 2021 à Bagnolet, l’association ambitionne de limiter les déchets produits par l’industrie de l’audiovisuel. Grâce à un fonctionnement simple : récupérer les éléments de décors de tournages destinés à être jetés, puis les louer à d’autres productions, sociétés d’événementiel ou parfois à des particuliers.
Quinze tonnes de déchets par film
L’entrepôt de la Ressourcerie du cinéma s’étend sur 1 200 m2. Parmi les objets phares qui y sont stockés pour location se distinguent, par exemple, la lampe présente au sommet de la tour Eiffel dans le film Eiffel réalisé par Martin Bourboulon, ou encore des feuilles de décor de la série Marie-Antoinette diffusée sur Canal+ et Disney+. « Ce n’est pas un capharnaüm, tout est disposé par compartiments », tient à préciser Anne Taverne, la responsable commerciale.
L’ancienne journaliste indépendante, aujourd’hui l’une des sept salariés de l’association, remet un objet à sa place – « Cet escalier de piscine ne pouvait pas être plus mal rangé », peste-t-elle – et déplore : « Il y a tellement de décors quasiment neufs, parfois jamais utilisés, qui partent à la benne. »
Afin de limiter ce gaspillage, la Ressourcerie de cinéma récupère chaque année plus de 100 tonnes de déchets, pour en remettre 98 % à l’emploi. Une goutte d’eau pourtant. Selon le collectif Écoprod, qui œuvre pour des pratiques écologiques et durables dans l’industrie audiovisuelle, un simple long métrage produirait en moyenne 15 tonnes de déchets, tout en relâchant 750 tonnes de CO2. Anne Taverne regrette : « On récupère seulement 1 % de tous les décors produits pour le cinéma en Île-de-France. »
Un nouveau métier, coordinateur d’écoproduction
En 2021, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a mis en place un plan d’action visant à encourager les pratiques écoresponsables sur les lieux de tournage. Une de ses différentes mesures exige, depuis janvier 2024, que toutes les nouvelles demandes d’aides à la production d’œuvres auprès de l’organisme soient accompagnées d’un bilan carbone prévisionnel et définitif du projet.
Ainsi, une nouvelle profession a émergé depuis quelques années afin d’établir ces bilans, celle de coordinateur d’écoproduction. C’est celle qu’exerce Clémence Rondeau. En plus d’effectuer ces calculs d’émissions carbone, elle est chargée de veiller au respect de critères écologiques du début à la fin d’un tournage, pour garantir l’obtention du label Écoprod, certifiant son écoresponsabilité.
« Il existe huit critères principaux, parmi lesquels la sensibilisation de l’équipe de production aux enjeux environnementaux, le tri des déchets, la présence d’un repas végétarien par semaine dans les cantines, l’interdiction de jets privés ou la mise en place d’un système de covoiturage par exemple, détaille-t-elle. Ces huit critères sont complétés par une centaine de conditions secondaires. » Si au moins 65 % d’entre eux sont respectés, alors le projet bénéficie du label convoité.
Sur les plateaux, Clémence Rondeau rencontre quelques réticences au sujet de ces nouvelles contraintes et du surcoût qu’elles entraînent. Pourtant, toujours selon une étude de l’association Écoprod, le coût d’une démarche d’écoproduction sur un tournage ne représente qu’entre 0 et 1 % du budget.
Anne Taverne et Clémence Rondeau s’accordent malgré tout pour affirmer que, plus largement, les mentalités évoluent « doucement mais sûrement » au sujet de l’écologie dans le milieu de l’audiovisuel. La coordinatrice d’écoproduction affiche même son optimiste : « On sent tout de même que la plupart des personnes sont sensibilisées à nos démarches. Il faut que les institutions se donnent davantage de moyens pour investir dans des politiques plus vertueuses, on doit s’accrocher. »
—–
Un réseau national de ressourceries culturelles
La Ressourcerie du cinéma est membre du Ressac, réseau national ressourceries artistiques et culturelles qui rassemble actuellement une quinzaine de structures et acteurs du réemploi culturel couvrant huit régions du territoire national : ressourceries, matériau-thèques, tiers-lieux, mais aussi des scénographes et d’autres structures de sensibilisation ou de conseil en économie circulaire. Le Ressac accompagne ses membres présents et futurs à la structuration d’une ressourcerie culturelle et artistique et plus largement d’une filière de réemploi dans le secteur culturel.
L’objectif de club-montreuil.com est de parler de Montreuil dans la transparence en vous procurant la visibilité de tout ce qui est en lien avec ce sujet sur la toile L’équipe club-montreuil.com vous propose ce papier qui traite de « Entreprendre à Montreuil » mais aussi des actualités de notre ville afin de comprendre comment vit notre territoire. Ce post a été reconstitué du mieux possible. Vous avez l’opportunité d’utiliser les coordonnées indiquées sur le site pour apporter des explications sur cet article traitant du thème « Entreprendre à Montreuil ». Il y a de prévu de multiples développements sur le sujet « Entreprendre à Montreuil » d’ici peu, on vous incite à visiter notre site web périodiquement.