La ville de Montreuil abrite une entreprise au cœur d’une controverse environnementale : Fluorotechnique, spécialisée dans le traitement de surface pour les secteurs de l’aéronautique, du spatial, de l’armement et du nucléaire, utilise des substances connues sous le nom de PFAS, ou « polluants éternels ». Ces composés chimiques, largement utilisés pour leurs propriétés antiadhésives et imperméabilisantes, sont aujourd’hui au centre d’un débat sur leur impact environnemental et sanitaire.
Les PFAS : des substances omniprésentes et controversées
Les PFAS, dont l’utilisation est répandue dans de nombreux objets du quotidien comme les poêles en Teflon ou les emballages alimentaires, ont récemment fait l’objet d’une étude révélant leur présence dans plusieurs sites en Europe, dont celui de Fluorotechnique à Montreuil. Surnommés « polluants éternels » en raison de leur persistance dans l’environnement, ces composés sont de plus en plus associés à divers risques pour la santé, tels que des cancers, des troubles hormonaux et une baisse de la fertilité.
Une utilisation maîtrisée mais non encadrée
Benjamin Morin, directeur général de Fluorotechnique, explique que son entreprise utilise ces substances en très petites quantités, principalement pour améliorer la lubrification des pièces mécaniques traitées. « Nous en déposons huit fois moins que l’épaisseur d’une feuille de papier, soit 1 à 2 microns », précise-t-il, tout en soulignant que l’entreprise ne rejette pas ces substances dans l’eau, ce qui limite leur impact environnemental.
Cependant, malgré ces précautions, l’absence de réglementation stricte autour de l’utilisation des PFAS est préoccupante. Les opérateurs de Fluorotechnique appliquent ces produits dans des conditions qui, bien que sécurisées, ne sont pas aussi rigoureuses que celles d’une salle blanche, ce qui pourrait poser des questions sur la gestion des risques.
Des alternatives en développement face à une interdiction imminente
L’Union européenne envisage d’interdire l’ensemble des PFAS d’ici 2025, ce qui pousse Fluorotechnique à explorer des alternatives. L’entreprise a déjà développé deux solutions concurrentes, sous forme de poudre, qui pourraient remplacer les PFAS tout en offrant des performances similaires. Cependant, convaincre les clients de passer à ces alternatives reste un défi, tant que l’utilisation des PFAS n’est pas formellement interdite.
Vers un avenir sans PFAS ?
Fluorotechnique est consciente que l’interdiction des PFAS est inévitable et se prépare à cette transition. Benjamin Morin affirme que l’entreprise cessera d’utiliser ces substances dès que la loi l’exigera. En attendant, il continue de se conformer aux réglementations en vigueur, tout en appelant à un cadre légal plus strict pour éviter les erreurs du passé et protéger l’environnement.
L’entreprise de Montreuil se trouve ainsi à un carrefour, entre innovation et responsabilité environnementale, dans un contexte où la réglementation peine encore à rattraper les avancées industrielles.