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Casquette sur la tête et plateau entre les mains, Charles cherche la table où poser les cafés commandés par les « convives ». Il est l’un des plus anciens salariés de Café Joyeux, mais fait encore partie des nouveaux chez Klésia. À Montreuil (Seine-Saint-Denis), le groupe de protection sociale a inauguré son nouveau café-restaurant d’entreprise, le 5 novembre 2024.
Pour la société de restauration Café Joyeux, qui emploie plus de 60 % de personnes porteuses de handicap mental ou cognitif, le service en entreprise est un nouveau concept. Baptisé Inside, il avait été lancé en juillet 2021, chez Klésia déjà, sur son site de Pont-Cardinet à Paris (17e). « Sur le papier, on voit l’engagement de Klésia auprès des personnes en situation de handicap. Mais là, c’est concret. Ils sont nos collègues », sourit Célia aux bagues en argent sur les doigts et bracelets en pierres rondes autour des poignets.
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« Ne pas gommer la différence, faire avec »
Fondée à Rennes en 2017, l’entreprise de restauration s’est développée en ouvrant des établissements à tour de bras, notamment sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris (8e). « L’idée du fondateur de Café Joyeux, Yann Bucaille-Lanrezac, était de créer la rencontre. Ici, avec ‘Inside’, c’est un regard de fond, à long terme », analyse Jeanne de Bazelaire, manager du Café Joyeux de Montreuil. Certains salariés de Klésia affirment avoir repensé leur rapport au service depuis l’arrivée des nouveaux serveurs. « On est exigeant comme avec n’importe quel prestataire. Il ne faut pas gommer la différence, il faut faire avec », plaide Valérie Taurus, directrice du site.
Les plateaux qui tombent ou les émotions qui débordent font partie du quotidien chez Café Joyeux. Sous la houlette de Jeanne de Bazelaire, les six « équipiers » naviguent derrière la caisse, la machine à café ou entre les tables. Tous ceux qui ont été envoyés dans ce nouveau restaurant travaillaient déjà pour l’enseigne au trio de couleurs jaune, noir et blanc. « Je suis l’un des plus anciens, je fais partie des meubles ! » résume Charles avec de grands gestes.
On me dit que je suis handicapé, mais je ne me considère pas comme un handicapé. Les gens sont gentils ici, parce que bienveillants. Ailleurs, ils appuient sur le handicap.
Pour sa collègue Nikita, passée par l’avenue des Champs-Élysées et le boulevard de la Madeleine (9e) en trois ans, ce nouveau poste à Montreuil améliore un peu plus sa santé mentale. « Je préfère travailler ici, c’est plus espacé au niveau des passages […]. On a plus de temps de parler avec [les clients] alors qu’avant, on était dans le rush », remet la jeune femme. Les horaires sont désormais fixes, le planning ne s’étend plus jusqu’au week-end et les « convives » sont réguliers.
Pour l’un comme pour l’autre, si un palier a été franchi en arrivant dans ce restaurant « Inside », c’est parce qu’un bond d’envergure avait déjà été surmonté. Avant d’être recruté chez Café Joyeux, ils travaillaient dans des entreprises « pas adaptées » à leur handicap. Le manque d’écoute et de bienveillance de la part des responsables nuisait à l’ambiance et à leur bien-être. « J’avais une fatigabilité plus importante, se souvient Nikita. Ici, ça va mieux. Je suis prête à travailler plus qu’avant, je sais gérer ma fatigabilité. »
Pour Jeanne de Bazelaire, le management des « équipiers », souvent « sans filtres », fait peser « une charge mentale. Mais, en même temps, ils sont très vrais, donc ça avance », reconnaît cette brune au chignon ébouriffé. Outre la perception des salariés de Klésia vis-à-vis des personnes porteuses de handicap, les responsables aussi prennent de la graine les uns des autres. « On veut être comme Jeanne ! Elle a des trucs pour gérer des situations parfois délicates, mais toujours avec la bonne distance », assure Valérie Taurus.
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Retour au restaurant d’entreprise
L’instauration d’un Café Joyeux au sein de l’entreprise Klésia est née sous l’impulsion de Jean de Villèle, directeur des ressources humaines du groupe. Un choix validé par des salariés : trois ans après le lancement dans le 17e arrondissement, la fréquentation du restaurant d’entreprise a doublé. En moyenne, chaque jour, 41 repas étaient servis en 2021, contre 86 en 2024.
C’est une manière de souffler de Klésia, de voir autre chose… De changer d’atmosphère.
À l’image de Célia, salariée chez Klésia depuis trente-cinq ans. « Avant, j’allais à la boulangerie ou je remontais directement en haut, se souvient-elle. Maintenant, j’en suis presque à attendre l’ouverture pour m’installer sur place ! »
Café Joyeux a ouvert des restaurants dans d’autres entreprises telles que le Crédit Agricole, Axa ou Canal+. En 2023, une étude réalisée par le laboratoire E&Mise de l’Essec évaluait l’impact social engendré par ses implantations dans les villes et les entreprises. Changement de regard sur le handicap, augmentation des interactions sociales, de l’autonomie ou encore de l’esprit solidaire… À la cantine aussi, la valeur sociale se mesure.
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